Turquie: un suspect arrêté après le meurtre du journaliste Hrant Dinkhttp://news.fr.msn.com/Article.aspx?cp-documentid=2554096La police turque a arrêté samedi le meurtrier présumé du journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink, ont annoncé les télévisions turques NTV et CNN-Turk.
Le suspect, dont les photos avaient été diffusées par les médias plus tôt dans la journée, a été identifié comme Ogun Samast, 17 ans, originaire de la ville de Trabzon dans le nord de la Turquie, ont précisé les deux chaînes.
Il a été arrêté à 23HOO (21HOO GMT) à la gare routière du port de Samsun, sur la mer Noire, alors qu'il s'apprêter à rentrer à Trabzon et qu'il portait sur lui l'arme avec laquelle il aurait tiré sur Hrant Dink, a indiqué le procureur local Ahmet Gulcinar, cité par CNN-Turk.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a confirmé l'arrestation depuis Kizilcahamam, ville proche d'Ankara où se déroulait samedi un meeting de sa formation politique, le Parti de la justice et du développement (AKP).
Selon CNN-Turk, c'est le père du jeune suspect qui a téléphoné à la police pour dire que la personne apparaissant sur les images diffusées par les télévisions était son fils.
La police avait fait diffuser samedi des images provenant, selon les médias, des caméras de surveillance de magasins de la rue où Hrant Dink, 52 ans, a été abattu, montrant un jeune homme brun portant une veste en jean et coiffé d'un béret blanc. Il tient un objet, apparemment un pistolet, sous sa veste.
Le père du meurtrier présumé ainsi qu'un de ses amis proches devaient être transférés à Istanbul pour y être interrogés, a ajouté CNN-Turk, sans indiquer où ils se trouvaient.
Le suspect s'était rendu vendredi dans les bureaux de l'hebdomadaire bilingue turco-arménien Agos où travaillait Hrant Dink environ trois heures avant l'attentat, a indiqué le gouverneur d'Istanbul Muammer Guler, citant des déclarations à la police des secrétaires du journal.
Il avait affirmé être un étudiant de l'université d'Ankara et avait demandé à rencontrer Hrant Dink, se heurtant à un refus. Lorsque l'une des secrétaires était sortie environ deux heures plus tard, il se tenait toujours dans la rue en bas de l'immeuble.
Hrant Dink, directeur de la publication d'Agos, a été tué de trois balles dans la tête et la gorge, devant les locaux de son journal, dans le quartier cosmopolite de Sisli, en plein centre de la rive européenne d'Istanbul.
La presse a accusé le gouvernement de ne pas être parvenu à protéger un homme qui avait écrit dans ses articles qu'il recevait des menaces et des courriers haineux.
L'assassinat de cet intellectuel ayant critiqué la position officielle turque sur les massacres d'Arméniens commis en Anatolie sous l'empire ottoman, conspué comme un "traître" par l'extrême droite pour les avoir qualifiés de "génocide", a créé une onde de choc à travers le pays.
En dépit des controverses, Hrant Dink avait forcé l'admiration de beaucoup par son dévouement à la cause du dialogue turco-arménien, qui l'avait notamment conduit à dénoncer avec force en octobre une proposition de loi française visant à pénaliser la négation du génocide arménien.
Condamnant unanimement le meurtre comme une "honte nationale", les quotidiens turcs appelaient samedi leurs lecteurs à assister en masse aux funérailles de Hrant Dink, prévues pour mardi.
La présidence allemande de l'Union européenne s'est dite "bouleversée" par "l'assassinat ignoble" de Hrant Dink, se disant "convaincue que les autorités turques feraient très rapidement toute la lumière sur cet acte".
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies samedi sur les lieux de l'assassinat, portant des bougies et déposant des fleurs au pied d'un portrait du journaliste.
En France, qui compte la communauté arménienne la plus importante d'Europe, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples (MRAP) a exprimé samedi dans un communiqué "son émotion et sa colère" suite à l'assassinat de Hrant Dink, victime selon l'association "de son courage et sa ténacité".